Dans mon boulot, j'ai une obligation de formation...
En un sens, c'est bien.
Le truc moins bien, c'est que la formation choisie dure une semaine...
Je suis donc parti une semaine en laissant "The Other person" pouvoir faire l'étoile de mer toute seule dans notre lit et boire des coups avec des inconnus...
Manifestement, mon employeur n'était pas au courant de ma passion pour l'hôtellerie de luxe... une chambre m'était réservée au Terminus Hotel... face à la gare, juste entre deux commerces aux noms étranges..."Le Guili-guili bar" et la "Boîte à Films"...
Apparemment, la "Boîte à films", c'était une boutique de cinéphiles drôlement spécialisés et pointus... et aussi drôlement discrets les cinéphiles rapport au rideau à franges en latex qui cachait l'intérieur.
Pour ce qui est du "Guili-guili" bar, personnellement, je suis moyennement guili...
Bref!
Comme on pouvait s'y attendre le Terminus Hotel a été à la hauteur de l'idée que je m'en faisais...
Douce odeur de clope froide dans les chambres... Rideau de douche jaune-marron qui te colle de façon intempestive la fesse droite... murs en pâte à sel qui te permettent de suivre les performances sexuelles le programme télé du voisin...
Au petit-déjeuner, j'ai pu déguster UN croissant encore à moitié congelé tout en bénéficiant d'une vue plongeante sur la réserve d'où j'apercevais des piles de briques de jus d'orange Lidl...
Je ne sais pas si c'était cette ambiance glauque ou le fait que la femme de ménage lavait à grands coups de canard WC fraicheur marine les toilettes à 2 mètres de ma table mais j'ai failli régurgiter ma bolée de lipton jaune... heureusement que je m'étais calé le bide avec un bout de baguette sèche humidifiée grâce à une noix de beurre sous vide, elle aussi encore un peu congelée...
Moment de solitude dès le matin...
Après une heure de trajet dans la ville où le ciel rend ton cœur chagrin, j'étais au Centre de formation. Notre formateur s'est présenté. Il avait un look de joueur de foot allemand des années 80 avec des cheveux longs et sales collés dans le cou...
Lui aussi sentait la clope froide et il avait la gueule ridée comme un rideau de douche jauni. Bref, j'avais l'horrible impression de ne jamais quitter ma chambre d'hôtel...
Même en fuyant quittant la salle, je me retrouvais nez-à-nez avec le distributeur qui déversait à qui voulait son lipton jaune amère au goût de poussière... bref, j'étais dans une sorte de cauchemar sans fin...
Pour commencer, on a eu droit au traditionnel tour de table...
Personnellement, je déteste ce truc au plus haut point...
J'ai une peur primaire de me mélanger les pinceaux et de sortir "Bonjour, je m'appelle Nantes et j'habite à Paul..." avec après tout le monde qui fait "hoooooou houuuuuuu trop nul houhouuuu"...
Ouais, je sais faut que je consulte d'urgence...
Après cette épreuve, on a pu commencer la formation à coup de présentation PowerPoint et de travaux en ateliers.
Dès qu'il s'agit de former un groupe, je me tape toujours les quiches du jour.
Je dois les attirer.
Oui, parce qu'en fait j'adore les quiches. Au moins avec les quiches, on rigole. Comme en sport, au collège, où je finissais toujours dans l'équipe des cas sociaux avec les goths, les grosses, les anorexiques, les timides... en formation, je finis toujours dans le groupe des quiches.
On finit toujours par former une super équipe fondée sur la rigoulade et la nullité profonde et totale sur le sujet du jour.
A côté, les autres groupes complètement professionnels de l'attitude faisaient des recommandations tip top avec un air super grave...
C'était drôlement chiant.
Si tu dois bosser en formation maintenant...
Avec mes quiches, on écoutait à moitié les consignes, on était donc constamment à côté de la plaque et on se marrait comme des baleines.
Dans le groupe, il y avait une grosse quiche personne à forte corpulence. Elle était super drôle et sympa mais aussi super enveloppée. Ce qui était sympa, c'est qu'elle était tout à fait décomplexée rapport à sa corpulence de paquebot panaméen.
A 12h01, elle râlait bruyamment en signalant que c'était l'heure de manger.
A la pause de 16h00, elle poussait tout le monde pour dévaliser la machine à sucreries...
Le summum a été atteint le dernier jour quand on devait remplir notre fiche d'évaluation... La dernière question laissait la possibilité de mettre des commentaires libres sur la formation. Alors que tout le monde écrivait des trucs chiants du genre que la problématique bidule n'avait pas été abordée assez en profondeur, elle, elle a écrit en gros "les repas à la cantine ne sont pas assez COPIEUX!!!"
Fallait oser quoi!
Le soir, on allait dans les restos du centre ville.
Et devinez qui a pris la crêpe Ecureuil (nutella, amandes grillées, chantilly)?
Le paquebot panaméen.
En commandant, elle s'est même écriée à la serveuse l'air à moitié menaçant : "et merci de ne pas lésiner sur la chantilly".
Et puis au bout de trois jours, j'ai commencé à avoir le moral dans les chaussettes...
"The other person" était drôlement loin.
Le lipton jaune m'attaquait chaque jour un peu plus les neurones.
Les quiches, c'était marrant trois jours mais après c'est devenu un peu l'indigestion...
En même temps, il ne restait plus qu'un jour.
Et le dernier jour d'une formation, c'est un peu comme les derniers jours de CE1...
Vous savez quand la maîtresse sort les jeux pour occuper les trois derniers jours relou où personne n'a envie de travailler (Ah, parce que des fois, on peut avoir envie?)
Donc le dernier jour de formation, tout le monde arrive à la bourre y compris le formateur.
Le dernier jour même ceux qui sont professionnel de l'attitude commencent à se dérider.
On rigole, on n'en fout pas une ramée, on fait des pauses de 2h30...
Le dernier jour est le jour de gloire des quiches.